Ce 13 décembre 2007, ce projet pilote est entré dans sa phase industrielle avec la pose d'une turbine qui va lui permettre de produire au printemps prochain 1,5 MW.

Deux autres projets de forages géothermiques sont à l'étude en Alsace pour la production de chaleur dans la région de Beinheim et de Pechelbronn (Bas-Rhin), à des profondeurs de 1000 et 3000 mètres ! Alors SLZ1, 190°C à 2000 m, pourquoi pas ?

De plus, pour le massif du Piton des Neiges une circulation hydrothermale superficielle a été constatée de par la présence de sources chaudes.

Déjà là, il y a matière a renoncer au saccage du patrimoine mondial de la Plaine des Sables. Mais ce n’est pas tout. Les investigations dans le massif du Piton des Neiges n’ont pas été exhaustives. En effet, lors des rencontres « géothermie » de juin 2003, malgré les indices favorables à l’existence d’une source géothermique potentielle dans la zone centrale du Piton des Neiges, secteur de Mare à Vieille Place, il a été décidé de ne pas faire toutes les investigations complémentaires, pourtant préconisées l’année précédente ! Et de se focaliser sur la Fournaise. Pourquoi ? Selon les acteurs du projet, dans le cas de Salazie, les coûts d’exploitation de la ressource ne semblent pas économiquement viables. Y A t-on intégré la perte, d’une part de notre patrimoine (un des écosystèmes les plus rares de la planète), et la perte d’image touristique majeure ? Y a t-on intégré tous les travaux liés à la construction de centrale et ceux de l’acheminement de l’énergie électrique dans un Parc National ? Ceci n’a t-il pas un coût ?

A qui fera-t-on croire que le projet-pilote de Soultz qui a démarré en 1987, en France, dans le cadre d'une collaboration franco-anglo-allemande avec le support de l'Union européenne, de l'ADEME et des ministères allemands concernés est une utopie ? En cas de succès, ce projet de centrale pilote, à caractère scientifique et expérimental, sera suivi par la réalisation en 2015 d'un prototype industriel de 20 MW capable d'alimenter en énergie électrique une ville de 20.000 habitants.

Lancé donc il y a 20 ans, le projet de géothermie de Soultz-en-Forêts, géré par le Groupement européen d'intérêt économique (GEIE) "Exploitation minière de la chaleur", a nécessité 16 années d'études de faisabilité. "Nous avons toujours privilégié l'acquisition du savoir-faire et la maîtrise des nuisances ", a déclaré à l'AFP Jean-Jacques Graff, porte-parole du GEIE. Et le BRGM, ne présente t-il pas ce procédé comme une voie vers une des énergies renouvelables du futur ? Toute cette expérience, pourquoi notre île ne pourrait-elle pas en bénéficier ?

Même si l'extraction de cette chaleur est plus difficile que lorsque les formations géologiques constituant le sous-sol sont poreuses ou perméables et contiennent des aquifères (nappe souterraine renfermant de l'eau ou de la vapeur d'eau), cette technique apparaît exploitable à la Réunion, sous le massif du Piton des Neiges. Elle présente l’avantage incomparable de ne pas saccager le site patrimonial et atout touristique majeur de notre île, et montrerait vraiment qu’à la Réunion la gestion du patrimoine est raisonnée, en accord avec le véritable développement durable.

Sur tous les plans, la Réunion y gagnerait : d’une part Patrimoine mondial de l’UNESCO avec espace naturel unique préservé en son cœur, et d’autre part en recherche d’énergie renouvelable par la géothermie avec technologie pilote, pouvant se faire en concertation et avec soutien de l’Europe.

Mais il est vrai que la pression scientifique pour « trouer » la Plaine des Sables existe aussi : quelques scientifiques (on dit bien « quelques », heureusement d’autres dénoncent cette hérésie) voient dans cette opération l’opportunité de « carotter » sans se soucier des dégâts qui auront été occasionnés. Science sans conscience .. mais il est vrai que la soif de vaniteuse reconnaissance de certains se cache parfois sous la couverture scientifique pure.

10 millions d’euros hors taxes, d’argent public, avec incertitudes sur le coût pouvant aller au minimum à 30% sur la partie forages, avec une probabilité d’une chance sur deux de trouver quelque chose en forant notre site exceptionnel, alors que tout n’a pas été mené sur l’autre site potentiel, c’est à dire sous le massif du Piton des Neiges, vous pourrez comprendre que nous ne sommes pas d’accord !

Le dossier de demande d’autorisation d’ouverture de travaux est à l’instruction par l’Etat depuis fin mai 2007. L’Etat, que nous soutenons lorsqu’il agit pour la sauvegarde du patrimoine au service de tous, a demandé des compléments d’informations sur ce dossier. Par exemple, il a été demandé que la retenue collinaire de 4000 m³ soit intégrée au dossier et non traitée à part.

Le protocole mis en œuvre par la Région nous laisse perplexes. A aucun moment ne transparaît le désir de consultation préalable de la population. Par contre, la Région a déjà lancé les appels d’offres pour le citernage, la retenue collinaire, et dernièrement (le 6 décembre, avec ouverture des plis de ce dernier appel d’offres le 5 février 2008) l’appel d’offres pour les forages. La méthode est simple : on choisit les entreprises, on prévoit déjà une date de début des travaux, on fait comme si tout est OK, on se garde bien par contre de faire par avance de la publicité sur une enquête publique réglementaire qui doit être validée avant de toucher à la moindre parcelle de la Plaine des Sables ! Qui peut accorder un brin de crédibilité à cette méthode ? Croyez vous vraiment que la Région opère ainsi, en pensant qu’une enquête publique peut aller à l’encontre du projet ? Mais jusqu’à quand  va t-on prendre les habitants de la Réunion pour des idiots ?

Alors la Réunion, il faudra dire clairement à la Région et aux quelques scientifiques qui se reconnaîtront « fore pas nous » !

PS1 :

Savez vous que quelques « scientifiques sans état d’âme » pensent sans rire, mais avec cynisme écœurant, que finalement nous, les habitants de la Réunion, nous qui, quand il fait beau allons au volcan, faisons plus de dégâts que les rotations de camions qui vont avoir lieu .. et qu’il faut barrer la route (présenté comme futur projet ONF) pour n’autoriser que l’accès par bus ! Voilà l’opinion de certains élus et scientifiques se prenant pour l’élite de la Réunion : nous « surfréquentons » ! A quand l’interdiction d’accès des habitants de tous leurs plus beaux sites naturels ? Sous couvert de protection, voilà ce qui nous attend. Par contre l’interdiction, elle ne s’applique pas à ces pseudo-élites.

Alors que la population se trouve de plus densifiée, la considérer avec tant de mépris, et avec l’obsession du tourisme de luxe à 5 étoiles, nous pensons que c’est une voie dangereuse et détestable, qui ne peut conduire qu’à la révolte.

Réunion : son nom seul est un atout, et attention, il signifie aussi que le tourisme « apartheid » rejetant les habitants de leurs sites naturels, n’y  a pas sa place.

L’association Citoyenne de Saint-Pierre.

http://citoyennedestpierre.viabloga.com/

PS2 : Vous voulez un document ? Voici celui récent, daté du 7 novembre 2007. Sa source est indiquée. Chaque citoyen, à la lumière de notre courrier et des arguments que nous présentons, sera libre de se faire sa propre opinion.

Source :  http://www.reunion.pref.gouv.fr/intpref/Actualites/ilc/centrale_thermique/Expert.pdf