OUI à la Réunion, patrimoine mondial UNESCO. MERCI à toutes et tous qui par leur courageuse et historique mobilisation ont permis la REINTEGRATION de la Plaine des Sables dans le BIEN à classer et veillent à sa préservation. VIGILANCE ! THANK YOU. Merci de nous aider par votre adhésion. VIDEOS : www.youtube.com/channel/UC3-iNdvmvK-bWlMnbYiG4jw et http://www.dailymotion.com/ACSP
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Faune exotique envahissante sur le territoire de La Réunion. Consultation "publique" en cours jusqu'au 21 mai 2020.
AVIS Association Citoyenne de Saint-Pierre-REUNION sur le projet d'arrêté.
Un projet d'arrêté ministériel relatif à la prévention de l’introduction et de la propagation des espèces de faune exotiques envahissantes sur le territoire de La Réunion est mis à la consultation du public sur 3 semaines, du 29/04/2020 au 21/05/2020 au lien ci-dessous, avant la mise à la signature de l'arrêté ministériel :
http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projet-d-arrete-relatif-a-la-prevention-de-l-a2147.html?id_rubrique=2
AVIS de l’Association Citoyenne de Saint-Pierre-REUNION
association environnementale, totalement indépendante de l’Etat et des Collectivités Locales.
Site : http://citoyennedestpierre.viabloga.com; Facebook : https://www.facebook.com/acsp974/
Remarques sur la forme.
Le fait qu’une consultation publique sur un texte de loi d’une telle importance pour la biodiversité de l’ile soit organisée en plein confinement lié à la crise du Covid-19 est regrettable et, dans un souci de transparence de la vie publique, nous préconisons une extension de 3 semaines de cette consultation publique, à partir de la date de déconfinement (11 mai), soit jusqu’au 01 juin inclus, ce qui est essentiel pour permettre à toutes les personnes et associations potentiellement intéressées par le sujet de faire part de leur avis.
Par ailleurs, il nous parait anormal que, mis à part l’avis du CONSEIL NATIONAL DE PROTECTION DE LA NATURE (CNPN) en date du 12 avril 2020, aucun autre avis antérieur, analyse de risque, ou élément justificatif de l’inscription en annexe 1 n’ait été mis à disposition pour cette consultation publique. Afin de garantir la transparence de la vie publique, et dans l’hypothèse d’une prolongation de la consultation, nous préconisons la mise à disposition sur le site de cette consultation publique de :
· L’avis du CSRPN en date du 20 septembre 2019 dont il est fait mention dans l’avis du CNPN ;
· L’analyse de risque, mentionnée au point 5. Squamata de l’avis du CNPN, pour les trois espèces de geckos terrestres Eublepharis hardwickii, Hemitheconyx caudicinctus et Paroedura picta, faisant l’objet d’exceptions à l’annexe 1 du projet d’arrêté ;
· Le tableau Excel « 190814_Liste AEE_avec_propos_prévention » mentionné dans les remarques préalables de l’avis du CSRPN.
Remarques sur le fond.
En accord avec l’avis du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel de La Réunion (CSRPN), avis que nous avons dû rechercher par nous-mêmes sur Internet, et l’avis du CNPN, le projet d’arrêté ministériel proposé constitue indéniablement une avancée majeure en matière de prise en compte par l’autorité administrative de la problématique des invasions animales à La Réunion.
Cependant nous regrettons que les commentaires justificatifs pour l’inscription à l’annexe 1, et surtout ceux relatifs aux exceptions rajoutées après l’émission de l’avis du CSRPN de La Réunion, n’aient pas été rendus publics, ceci en vue d’assurer la transparence de la vie publique et de faciliter l’adhésion de tous les acteurs concernés (éleveurs et animaleries, mais également le milieu associatif, le grand public et les consommateurs).
D’après l’avis du CSRPN, l’approche stratégique choisie par l’autorité administrative, et qui a vraisemblablement prévalu lors des consultations menées en 2019 avec certains acteurs concernés, aurait été d’adopter le principe « d’une liste d’espèces à réglementer (Tout est autorisé sauf…) » qui seule serait juridiquement recevable, conduisant à n’interdire de tout usage (notamment importation et détention) que certains groupes taxonomiques, tout en offrant des exceptions à l’interdiction d’importation et de détention pour des espèces précises, exceptions qui dans certains cas reposent malheureusement plus sur des intérêts commerciaux que sur une réelle analyse du risque invasif. Il nous apparait donc que l’approche stratégique choisie s’est principalement focalisée sur des groupes taxonomiques faisant actuellement l’objet d’une importation à but commercial à la Réunion, mais qu’elle ne repose pas systématiquement sur une analyse exhaustive et à long terme du risque invasif au sein des différents groupes taxonomiques. Ainsi l’extension potentielle de l’activité commerciale à d’autres groupes taxonomiques n’a semble-t-il, pas toujours été prise en compte. Par exemple on peut s’interroger sur l’interdiction d’importation de certaines espèces d’oiseaux dans les familles Emberizidae, Estrildidae, et Viduidae, alors que ces espèces ont déjà été introduites dans l’ile sans générer d’impact notable (Cf. ci-après). On peut aussi s’interroger sur l’absence de mention dans le projet d’arrêté des Crocodylia ou Crocodiliens (crocodiles, alligators, caïmans, gavials) et du genre Cherax (écrevisses d’eau douce de la classe des Malacostraca).
Oiseaux
· Rapaces - ordre des Accipitriformes et ordre des Strigiformes
Il est surprenant que le CSRPN, dans son avis du 20 septembre 2019, ne se soit apparemment pas prononcé sur le cas des rapaces. D’après le point 3. de l’avis du CNPN, l’interdiction d’importation et de détention des rapaces, qui était initialement globale et portait à la fois sur l’ordre des Accipitriformes - rapaces diurnes, et sur l’ordre des Strigiformes - rapaces nocturnes, a été ensuite limitée aux seuls busards (Circus spp.) et hiboux, pour préserver un intérêt économique unique, en l’occurrence celui de l’agence réunionnaise d'effarouchement et de fauconnerie, agence qui a importé sur l’ile différentes espèces de rapaces dans des conditions légales qui posent toujours question et dont le fauconnier sous l’étiquette « SAS Bioparc » est par ailleurs porteur du projet très controversé « BIOPARC » en forêt domaniale d’Etang-Salé. Il aurait été beaucoup plus cohérent et transparent de maintenir l’interdiction globale pour les deux ordres Accipitriformes et Strigiformes sachant, comme le souligne l’avis du CNPN, que « le dispositif dérogatoire prévu dans le présent projet d’arrêté permettrait, de fait, de poursuivre les activités d’effarouchement ». On ne peut dès lors que s’étonner de l’attitude partiale des membres du CSRPN et de la DEAL Réunion sur ce cas précis des rapaces, puisqu’ils ont visiblement choisi de favoriser un intérêt privé au détriment de l’intérêt général et du principe de précaution, ce qui laisse la porte ouverte à d’éventuelles futures importations et détention de rapaces exotiques dans l’ile. En ce sens, nous partageons donc l’avis du CNPN sur le fait qu’il n’est « ni utile ni souhaitable de revenir sur le consensus de la concertation qui avait abouti à l’interdiction d’introduction de tous les rapaces ».
· Touraco vert, Tauraco persa
Même si les Touracos font l’objet d’un usage à l’heure actuelle restreint dans l’ile (prix élevé, faible nombre d’individus importés), il s’échappent facilement d’après l’avis du CRSPN. De plus, même si le Touraco vert Tauraco persa n’est pas encore classé comme menacée par l’UICN, l’espèce est victime du recul de son habitat naturel (forêt primaire tropicale d’Afrique de l’Ouest), ainsi que de la collecte par les amateurs d'oiseaux pour son commerce, réglementé par la CITES depuis 1975 mais qui s’est illustré par des faiblesses récurrentes des contrôles de cette réglementation, notamment dans les pays d’Afrique de l’Ouest, ce qui fait que la poursuite de son commerce conduira vraisemblablement à sa raréfaction progressive dans son milieu naturel d’origine. C’est pourquoi nous préconisons l’inscription du Touraco vert, Tauraco persa, à l’annexe 1 du projet d’arrêté, c’est-à-dire l’interdiction de son importation et détention dans l’ile.
· Agapornis roseicollis (Inséparable à face rose)
Cette espèce est « reconnue à l’international comme provoquant des dégâts aux arbres fruitiers et aux vergers » et présente « un risque invasif non négligeable, comme par exemple en Floride et à Hawaï » (Cf. avis du CNPN), et la logique de « compromis » avec les animaleries et les éleveurs qui aurait (selon les avis du CNPN et du CSRPN) prévalu pour ne pas interdire l’importation et la détention de cette espèce, ne nous parait pas acceptable dans une île océanique déjà fortement perturbée par les invasions biologiques, notamment celle connue de tous, le Bulbul Orphée ou Merle Maurice (Pycnonotus jocosus). Afin de prévenir toute augmentation de population sauvage sur l’ile et l’établissement de colonies reproductrices (comme cela a été récemment constaté pour la perruche à collier P. krameri), nous réclamons l’inscription de Agapornis roseicollis (Inséparable à face rose) à l’annexe 1 du projet d’arrêté.
· Agapornis fischeri (Inséparable de Fischer)
L’Inséparable de Fischer est également connu pour son caractère envahissant et, d’après les avis du CNPN et du CSRPN, « le choix d’interdire ou non cette espèce à l’introduction n’est pas centrée sur le risque lié à celle-ci mais plutôt dans une logique d’impact économique induit par le retrait de la Perruche à collier et de la Calopsitte ». Dans un souci de cohérence de l’action publique, et afin de prévenir toute augmentation de population sauvage sur l’ile et l’établissement de colonies reproductrices en milieu naturel (comme cela a été constaté récemment pour la perruche à collier P. krameri), nous réclamons l’inscription de Agapornis fischeri (Inséparable de Fischer) à l’annexe 1 du projet d’arrêté.
Il est à noter que dans certaines familles d’oiseaux inscrites à l’annexe 1 du projet d’arrêté (Emberizidae, Estrildidae, et Viduidae), certaines espèces ont été introduites de longue date dans l’ile et ont généralement rapidement disparu : dans la famille des Emberizidae, cas du Bruant Ortolan, Emberiza hortulana; dans la famille des Estrildidae, cas de l’Astrild à joues oranges Estrilda melpoda, du Coup Coupé Amadina fasciata, du Damier Strié Lonchura striata, du Calfat ou Padda de Java Lonchura oryzivora), devenues extrêmement rares (Ti-Coq ou Bengali, Amandava amandava), ou peu fréquentes (Veuve dominicaine, Vidua macroura) ; seul le Bec-Rose, Estrilda astrild, dans la famille des Estrildidae, s’est naturalisé et ne présente par ailleurs pas de caractère envahissant ou invasif. Nous préconisons donc que certaines espèces d’oiseaux dans la famille des Estrildidae, qui ne présentent pas de caractère envahissant ou invasif avéré, continuent à pouvoir être importées et commercialisées à la Réunion, en contrepartie d’une interdiction pour les deux espèces d’inséparables précitées dont le caractère invasif a déjà été mis en évidence ailleurs.
Reptiles
Concernant Chelus fimbriata (Mata mata), cette tortue d’eau douce carnivore originaire d’Amérique du Sud pourrait représenter une menace étant donné qu’elle affectionne les eaux stagnantes et troubles/boueuses, milieux aquatiques qui sont bien présents à la Réunion (Etang du Colosse, Etang du Bocage, Grand-Etang, Etang Saint-Paul, Etang du Gol, Rivière des Roches) et qu’elle se nourrit notamment de poissons et d’invertébrés aquatiques qui n'auraient jamais été exposés à un tel prédateur au cours de leur évolution. Par ailleurs, deux espèces de tortues d’eau douce vendues en aquariophilie, la tortue de Floride Trachemys scripta elegans et l’Emyde de Chine Mauremis sinensis, ont par le passé déjà été relâchées dans les milieux aquatiques d’eau douce de la Réunion, donc on ne peut exclure le risque de retrouver également un jour la tortue carnivore Mata mata dans le milieu naturel à la Réunion où elle aurait un impact négatif sur la faune aquatique de l’ile. En application du principe de précaution, nous réclamons donc également l’inscription de Chelus fimbriata (Mata mata), à l’annexe 1 du projet d’arrêté, c’est-à-dire l’interdiction de son importation et détention dans l’ile.
Concernant Eublepharis hardwickii (Gecko Léopard de l’Est Indien), Hemitheconyx caudicinctus (Gecko à queue grasse africain), Paroedura picta (Gecko panthère), nous nous inscrivons en faux contre le fait que ces trois espèces de geckos fassent l’objet d’exceptions d’inscription à l’annexe 1. En effet l’analyse de risque, mentionnée dans l’avis du CNPN et qui montrerait l’absence d’interférence éventuelle avec les Phelsuma endémiques de La Réunion, n’a pas été mise à disposition lors de la consultation publique et nous estimons qu’on ne peut exclure le potentiel invasif de ces trois espèces de geckos, car elles proviennent de pays où elles ont évolué avec des prédateurs terrestres similaires aux prédateurs invasifs de La Réunion. Par ailleurs, le plus grand risque est l'importation de parasites et de maladies (qui sont en grande partie inconnues et donc risquées), qui pourraient menacer les Phelsuma endémiques. Il convient également de noter que Paroedura picta (Gecko panthère) se reproduit rapidement. De plus, alors que des millions d’euros d’argent public sont engagés dans des plans nationaux d’action en faveur des Phelsuma endémiques, il n’y aurait aucune cohérence de l’action publique à autoriser dans le même temps l’importation de geckos potentiellement invasifs. Nous réclamons donc l’inscription de Eublepharis hardwickii (Gecko Léopard de l’Est Indien), Hemitheconyx caudicinctus (Gecko à queue grasse africain), et Paroedura picta (Gecko panthère) à l’annexe 1 du projet d’arrêté, c’est-à-dire l’interdiction de leur importation et détention dans l’ile.
Enfin, il apparait étonnant que l’ordre des Crocodilia ou Crocodiliens (crocodiles, alligators, caïmans, gavials) ne figure pas à l’annexe 1 du projet d’arrêté, de même que le genre Cherax (embranchement des Arthropodes, classe des Malacostraca) qui comprend notamment l’écrevisse australienne Cherax quadricarinatus, recensée sur le bassin versant de l’Etang de Saint-Paul et ponctuellement invasive sur cette zone. Cherax quadricarinatus a en effet des comportements de compétition et de prédation de la faune indigène qui peuvent entrainer des modifications importantes des écosystèmes aquatiques et elle est souvent porteuse de pathogènes (virus, bactérie, champignons...) et peut donc être un vecteur de ces parasites. Nous préconisons donc l’inscription de l’ordre des Crocodilia ou Crocodiliens, et du genre Cherax dans la classe des Malacostraca à l’annexe 1 du projet d’arrêté, c’est-à-dire l’interdiction de leur importation et détention dans l’ile.
Avis final de l’ACSP-REUNION
L’ACSP-REUNION salue l’avancée majeure que constitue le projet d’arrêté en matière de prise en compte par l’autorité administrative de la problématique des invasions animales à La Réunion mais déplore dans le même temps le calendrier de cette consultation publique, la non mise à disposition de documents-clés, l’approche stratégique qui n’est ni exhaustive ni à long terme, et les exceptions d’interdiction (d’importation et de détention) reposant plus sur des intérêts commerciaux que sur une réelle analyse du risque invasif. Plus spécifiquement, l’ACSP-REUNION préconise :
- la non inscription à l’annexe 1 (donc leur autorisation d’importation et détention dans l’île) de certaines espèces d’oiseaux qui ne présentent à priori pas de caractère envahissant ou invasif avéré, ne sont pas considérées comme menacées, et ont déjà fait l’objet d’introduction à la Réunion (par exemple dans la famille des Estrildidae : Astrild à joues oranges Estrilda melpoda, Coup Coupé Amadina fasciata, Damier Strié Lonchura striata, Calfat ou Padda de Java Lonchura oryzivora, Ti-Coq ou Bengali, Amandava amandava) ;
- l’intégration des groupes taxonomiques ou espèces suivantes à l’annexe 1 du projet d’arrêté, donc l’interdiction d’importation et de détention dans l’île de :
· Tous les rapaces : ordre des Accipitriformes et ordre des Strigiformes ;
· Touraco vert, Tauraco persa ;
· Agapornis roseicollis (Inséparable à face rose) et Agapornis fischeri (Inséparable de Fischer) ;
· Chelus fimbriata (Mata mata) ;
· Eublepharis hardwickii (Gecko Léopard de l’Est Indien), Hemitheconyx caudicinctus (Gecko à queue grasse africain), Paroedura picta (Gecko panthère) ;
· Ordre des Crocodilia ou Crocodiliens ;
· Genre Cherax (embranchement des Arthropodes, classe des Malacostraca).
acsp
le 20.05.20 à 00:11
dans Nature Faune Flore Infos
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